Aliments à indice glycémique bas, charge glycémique et santé cardiovasculaire

Une analyse internationale dans 20 pays publiée le 24 février 2021 dans le journal NEJM suggère que les régimes avec un indice glycémique élevé ont été associés à un risque plus élevé de maladie cardio-vasculaire et de décès que les régimes avec un faible indice glycémique. Il convient de noter que la diversité culturelle et socioéconomique de cette étude a permis d’examiner l’association entre l’indice glycémique et la charge glycémique avec des événements dans un très large éventail de modèles alimentaires.

Qu’est-ce que l’indice glycémique ?

Les glucides (ou sucres) sont un des principaux macronutriments qui affectent la glycémie (niveau de glucose sanguin) après le repas et la sécrétion de l’insuline, une hormone hypoglycémiante. La réponse glycémique est influencée par la quantité et le type de glucide. L’index glycémique (IG) est défini comme l’aire sous la courbe de réponse glycémique (aire au-dessus de la ligne de base représentée par la glycémie à jeun), à une portion d’aliment apportant 50 g de glucides,  exprimée  en  pour  cent  de  la  réponse  à  une  portion  d’un  aliment  référence  apportant  la même  quantité  de  glucides,  pris  par  un  même  sujet. C’est la différence de réponse glycémique entre 50g de glucide d’un aliment vs 50g de glucose pur (ou 50g de pain blanc).

Le but théorique d’un régime à IG faible est de manger des aliments contenant des glucides qui sont moins susceptibles de causer des augmentations importantes des niveaux de sucre dans le sang. Les valeurs de l’IG sont souvent divisées en trois catégories : faible (1-55), moyen (56-69) et élevé (70+). Cet indice a été proposé dans le cadre de la prise en charge du diabète. Le prédiabète correspond à une glycémie plus élevée que la normale. Le diabète de type 2 se développe quand le pancréas ne produit plus d’insuline ou que l’organisme est insensible à l’insuline produite. L’insuline est une hormone qui régule la glycémie. Il n’y a pas de consensus sur l’utilisation de l’IG. Par exemple, des études américaines ont montré que la consommation d’aliments à IG et charge glycémique élevée était associée à un risque accru de diabète de type 2 (Bhupathiraju 2014). A l’inverse, une étude sur 8 pays européens (cohorte EPIC) n’a pas trouvé d’association entre l’IG ou la charge glycémique et la survenue du diabète.

Voici un tableau résumant les IG de quelques groupes alimentaires :

Source : Health harvard.edu

Le pain blanc, le riz et certaines pommes de terre cuites ont un indice glycémique élevé, tandis que la plupart des fruits, légumes, légumineuses et céréales entiers intacts ont un faible indice glycémique. La cuisson influence l’IG. Une cuisson al dente des pâtes donnera plutôt un IG bas alors qu’une cuisson prolongée va gélatiniser l’amidon des pâtes et augmentera leur pouvoir hyperglycémiant et donc l’IG (Source: Société Française du Diabète). Les biscuits apéros proviennent d’un procédé d’extrusion (mise sous pression et température importantes pendant quelques secondes) qui fait augmenter l’IG. L’utilisation de l’indice glycémique n’est pas recommandé en population général actuellement (ANSES) par manque de preuves convaincantes.

Les limites de l’indice glycémique

Une des limites de cet indice est qu’il porte sur un aliment et pas le repas. C’est pourquoi la notion a été étendue à l’indice glycémique du rapport en calculant la somme de chaque IG de chaque aliment multiplié par leur proportion dans l’apport glucidique totale du repas.

Une autre limite est que l’indice glycémique ne prend pas en compte la qualité nutritionnelle d’un aliment. Les aliments à IG faible ne sont pas toujours les meilleurs choix. C’est pourquoi on va également regarder la charge glycémique.

La charge glycémique

La charge glycémique correspond à la quantité de glucides ingérés multipliée par l’index glycémique de l’aliment considéré. Une pastèque contient 7g de glucides et a un IG de 76. Des nouilles contiennent 25g glucides/100g ont un IG de 53.

La charge glycémique de la pastèque est de 5,3  (7*76/100) et celle des nouilles de 13,2. Finalement, les nouilles feront plus augmenter la glycémie que la pastèque. Aucune raison de bannir les pastèques. De nombreux facteurs influencent l’IG et compliquent son utilisation

Voici un tableau en anglais qui présente l’indice glycémique et la charge glycémique de plusieurs aliments : https://care.diabetesjournals.org/content/diacare/suppl/2008/09/18/dc08-1239.DC1/TableA1_1.pdf

L’étude PURE sur la santé cardiovasculaire, l’IG et la charge glycémique

Une étude publiée dans le journal médical NEJM suggère qu’un régime à indice glycémique élevée est associé à un risque accru de maladies cardiovasculaires et de décès.

Cette étude observationnelle (Prospective Urban Rural Epidemiology PURE) portait sur 137 581 participants âgés de 35 à 70 ans sur 5 continents. Des questionnaires alimentaires ont examiné la consommation de 3 200 aliments. Pendant les 9,5 ans de suivi des participants (médiane), 8 780 décès sont survenus et 8 252 ont eu un problème cardiovasculaire.

Une association positive a été observé entre l’indice glycémique et la survenue de problèmes cardiovasculaires ou de décès chez les personnes sans maladies cardiovasculaires pré-existantes (Hazard Ratio = 1.21 [1.11-1.34]) et chez les personnes avec maladies cardiovasculaires préexistantes (Hazard Ratio = 1.51 [1.25-1.82]). L’association avec l’indice glycémique était retrouvée en prenant toute la population d’étude. Pour la charge glycémique, le lien était similaire mais non significatif chez les personnes sans maladie cardiovasculaire pré-existante. Cette association avec l’indice glycémique était plus importante chez les personnes en surpoids ou obèses par rapport aux personnes avec un IMC inférieur à 25.

Point méthode : Le Hazard Ratio est un indicateur qui permet de comparer les taux de survenue d’évènements cardiovasculaires/décès entre un groupe consommant un régime à indice glycémique élevé vs faible. Un HR dont l’intervalle de confiance est supérieur à 1 indique un risque accru d’événements cardiovasculaires/décès. Un HR dont les bornes de l’intervalle de confiance comprend la valeur indique qu’il n’y a pas d’association statistique. Un intervalle de confiance correspond « grossomodo » à une marge d’erreur de l’estimation.

On voit ici que quand l’indice glycémique du régime augmente (en passant du quintile 1 à 5), le Hazard Ratio augmente et devient significatif, ce qui indique un risque accru de décès ou de maladies cardiovasculaires

Les forces de cette analyse sont la grande population d’étude incluant des pays à bas revenus. La plupart des études portent souvent sur des pays à hauts revenus. Ces analyses ont pris en compte notamment le revenu, le statut tabagique, l’activité physique, le rapport taille-hanche, les antécédents de diabète, l’utilisation de statine et de médicaments contre l’hypertension, l’apport calorique, la consommation de fibres et de céréales entières.

Les limites de cette analyse est que l’indice glycémique n’était pas disponible pour tous les aliments. Une analyse par pays n’était pas possible à cause du faible nombre de participants par pays. L’estimation des consommations alimentaire s’est basée sur une mesure, cela ne reflète pas forcément les consommations réelles ni les différences entre les régions. Cette étude est observationnelle et ne permet pas de conclure directement à une relation causale.

Et que disent les autres études sur la santé cardiovasculaire ?

Pour mettre en perspective ces résultats dans PURE Study, il faut savoir qu’une méta-analyse de 18 études (251 497 participants, Shahdadian et al. 2019) n’a pas retrouvé d’association entre l’indice glycémique, la charge glycémique et la mortalité cardiovasculaire et toute cause chez les hommes. Seule une association positive entre l’indice glycémique et la mortalité toute-cause chez les femmes a été observée. Une méta-analyse est une étude qui combine les résultats de différentes études selon une méthode rigoureuse.

Une autre méta-analyse de 18 études prospectives observationnelles (Jayedi 2020) a par contre trouvé une association positive entre la survenue des maladies cardiovasculaires et l’indice glycémique et la charge glycémique.

Essai randomisé OmniCarb

Un essai clinique récent (Sacks 2014) a testé l’impact d’un régime à indice glycémique bas sur des facteurs qui influencent la santé cardiovasculaire (comme la pression artérielle ou le cholestérol).  Les 163 participants à l’étude, tous en surpoids, ont suivi 4 différents régimes alimentaires pendant cinq semaines pour diminuer l’hypertension (DASH Diet) régime alimentaire. Le régime DASH était plus ou moins riche en glucides (allant de 40% à 58% des calories quotidiennes) et à indice glycémique bas ou élevé. Le régime DASH Dietary Approach to Stop Hypertension (l’Approche Diététique pour Stopper l’Hypertension) a été développé par les instituts américains de la Santé pour lutter contre l’hypertension. Ce régime favorise la consommation de fruits et légumes et limite la consommation d’aliments riches en sodium (facteur de risque d’hypertension).

Dans cet essai à court terme mais soigneusement contrôlé, manger des aliments à indice glycémique inférieur — dans le cadre d’un régime qui était déjà relativement sain — n’affectait pas la sensibilité à l’insuline, les niveaux de cholestérol HDL, les niveaux de cholestérol LDL, ou la pression artérielle systolique, mais a réduit les niveaux de triglycérides plasmatiques légèrement de 4 à 5 mg/dL. Dans le cadre d’un régime sain, privilégier les aliments à indice glycémique semble avoir un effet limité sur des facteurs de risque cardiovasculaire chez des sujets en surpoids américains. Une limite de cet essai est le temps de suivi court de 5 semaines. On voit sur ces courbes selon les différents régimes en couleur (riche vs faible en glucides, indice glycémique élevé vs bas).

Actuellement  le niveau de preuve de l’intérêt des aliments d’index glycémique bas n’est pas suffisant pour en faire des recommandations « santé » pour  la  population  générale. Je vais citer l’ANSES qui donne une bonne conclusion « l’index glycémique n’est pas un paramètre idéal. Il a pour avantage de fournir une indication physiologique sur la biodisponibilité des glucides ingérés par une méthode simple. Il peut être utilisé, en association avec une information sur la composition des aliments, pour guider les choix alimentaires des patients diabétiques. Les choix alimentaires devraient donc être motivés à la fois par l’index glycémique et la composition des aliments. En effet, des aliments à faible index glycémique mais également riches en lipides peuvent ne pas être des aliments recommandables aux populations à risque pour les pathologies cardiovasculaires ou l’obésité. En revanche, certains aliments à fort index glycémique peuvent constituer un bon choix alimentaire car ils sont également faiblement énergétiques et riches en micronutriments. Il n’est pas nécessaire ni souhaitable que les patients diabétiques excluent ou même évitent tous les aliments à fort index glycémique »

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Source : (cliquer sur les liens dans le texte)

Jenkins DJA, Dehghan M, Mente A, Bangdiwala SI, Rangarajan S, Srichaikul K, Mohan V, Avezum A, Díaz R, Rosengren A, Lanas F, Lopez-Jaramillo P, Li W, Oguz A, Khatib R, Poirier P, Mohammadifard N, Pepe A, Alhabib KF, Chifamba J, Yusufali AH, Iqbal R, Yeates K, Yusoff K, Ismail N, Teo K, Swaminathan S, Liu X, Zatońska K, Yusuf R, Yusuf S; PURE Study Investigators. Glycemic Index, Glycemic Load, and Cardiovascular Disease and Mortality. N Engl J Med. 2021 Feb 24. doi: 10.1056/NEJMoa2007123. Epub ahead of print. PMID: 33626252.

Une réflexion sur “Aliments à indice glycémique bas, charge glycémique et santé cardiovasculaire

  • 8 mars 2021 à 18 h 38 min
    Permalien

    Bonjour.
    Je suis diabetique .mon amilyse est bonne ,celle que l’on fait tous les 3 mois cliquet ..j’ai 6 …
    Mon probleme je ne sais me faire a manger .je ne sais pas se qui est bon ou mauvais . Que fait il faire .
    Je suis tres gourmand . Mais je me prive a part le dimanche je me fais une gaterie . Je suis obese .94 kg
    Mais je me sens bien.je n’ai rien de tres grave a part de soigner ce diabete . Aidez moi svp pour la nourriture ,qui faut il voir . Nutritionniste?
    Merci de vous lire .mr gerard ouaknine . Daylianholding@yahoo.fr
    Merci

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