Boire l’eau de la rosée matinale avec la Warka Tower
L’eau potable, une ressource mondiale inégale
Le 22 Mars, se tenait le World Water Day créé par l’ONU pour traiter des économies d’eau et de l’amélioration d’accès aux ressources en eau potable. En 2015, malheureusement encore 663 millions de personnes dans le monde n’ont pas accès à un point d’eau. Une personne sur trois dans le monde n’a pas accès aux installations d’assainissement. De nombreux pays en voie de développement font face à des problèmes liés à l’eau :
- le manque d’eau potable dans les régions arides. « D’ici 2025, la moitié de la population mondiale vivra dans des régions soumises au stress hydrique »
- l’accès à l’eau. Certaines personnes doivent parcourir de longues distances pour en trouver. L’eau est également une ressource mondiale inégalement répartie : d’après le Centre d’Information sur l’Eau, 9 pays se partagent 60 % des réserves d’eau douce mondiale : le Brésil, la Russie, la Colombie, le Pérou, le Canada, la Chine, l’Indonésie, les Etats-Unis et l’Inde.
- la salubrité. L’eau contaminée peut transmettre des maladies infectieuses comme la diarrhée, le choléra ou la typhoïde. L’OMS estime 500 000 décès dus à la diarrhée liée à l’eau infectée. L’eau peut être désinfectée en la bouillant ou en utilisant un dérivée chloré (Aquatabs® ou Micropur® disponibles en pharmacie) ou par micro-filtration (les filtres de 0.2-0.4 µm n’arrêtent pas les virus).
L’agriculture est le premier utilisateur d’eau : 70% de l’eau prélevée est utilisée pour l’irrigation (pouvant atteindre le taux de 90% dans certaines régions du globe). Les usages industriels représentent 20% et les usages domestiques 10%. L’eau est à la fois un défi de santé (besoin vital), socio-économique (gestion et partage des ressources) et environnemental (gaspillage, inégalités des usages…). Je vais vous présenter la Warka Tower, un projet qui permet d’apporter de l’eau douce à des pays en zones arides.
La Warka Tower, un collecteur de rosée
La Warka Tower est une tour en bambou, inventée par Arturo Vittori qui récupère l’humidité de l’air.

Le nom provient de l’arbre Warka (Ficus Vasta), un figuier géant dont les fruits sont très prisés par les Ethiopiens pour leurs propriétés hydratantes et rafraîchissantes.. Il est également un symbole de fertilité en Ethiopie.
Cette tour est entièrement composée de matériaux biodégradables (bambou, plastique biodégradable, chanvres et broches métalliques), qui peuvent se trouver en Ethiopie localement. Cette tour en forme de vase mesure 9 mètres de hauteur et pèse seulement 80 kg. Au sommet, la tour contient des antennes qui empêchent les oiseaux de se poser. La structure contient quelques tiges en polyester pour la stabilité.
D’après le constructeur, cette tour peut être bâtie facilement à partir d’un kit en un jour par une équipe de 4 personnes sans échafaudage et sans outil électrique. La durée de vie de la tour est estimée à 6 à 10 ans. Cette structure ne demande pas de modifications du sol, ni de l’environnement.
Every drop counts
Pendant les périodes sèches, l’eau est récupérée par condensation à l’intérieur de la structure, grâce à un filet. La nuit la température dans les zones désertiques peut chuter drastiquement. Cette différence de température enclenche la condensation de l’air ambiant. La plupart du temps cette condensation s’évapore au lever du soleil, mais la tour permet de garder ces gouttes de rosée. Le maillage fin de ce filet permet de récupérer les gouttes d’eau microscopiques. Les gouttes d’eau s’écoulent le long des cordages jusqu’à un filtre puis un collecteur. Arturo estime que cette structure peut récupérer entre 50 et 100 litres d’eau par jour ! Le réservoir d’eau peut contenir jusqu’à 3000L. Le coût de production est évalué à 1000$.
Différentes versions de cette tour ont été créées pour s’adapter à différents endroits et besoins.
Par rapport au côté hygiène, la contamination dépend de l’environnement. Cette eau pourrait requérir un petit traitement antibactérien en bouillant l’eau ou par microfiltration, d’après Arturo.
Ce projet a été lancé en 2012. La campagne de financement est toujours en cours.

Ce type d’initiative pourrait être une alternative à la création de puits. En effet, le forage et l’exploitation d’un puit sont coûteux (jusqu’à 15 000$) et nécessitent des méthodes de prospections des nappes aquifères (eau souterraine). Il faut parfois creuser jusqu’à 200 m pour trouver de l’eau.
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Pour aller plus loin :
Warka Water Project – http://www.warkawater.org/
OMS – Thèmes de santé : l’eau – http://www.who.int/topics/water/fr/
Centre d’information sur l’eau – http://www.cieau.com/les-ressources-en-eau/dans-le-monde/ressources-en-eau-monde
Ground Water : Wells – http://water.usgs.gov/edu/earthgwwells.html
UNICEF – Sélection des méthodes de construction des puits http://www.unicef.org/wash/files/3_case_FR_June09.pdf
663 millions d’individus n’ayant pas accès à l’eau c’est vraiment déplorable. Ce projet de collecteur de rosée est vraiment novateur et encourageant avec un fonctionnement simple mais qui semble redoutablement efficace.