Différences entre clémentines, mandarines et oranges : les Agrumes, une grande famille originaire d’Asie

Les agrumes désignent les fruits cultivés du genre Citrus, originaires de l’Asie. Tous ces fruits ont la même structure : un épicarpe coloré (le zeste, la paroi du fruit), un mésocarpe blanchâtre et une chaire juteuse divisée en quartiers.

Parmi le genre Citrus, les espèces Citrus maxima font référence aux pamplemousses, Citrus reticulata aux mandarines et Citrus medica aux cédrats. Ces 3 espèces sont dites ancestrales et elles ont évoluées séparément dans des zones géographiques distinctes : la Malaisie, le sud de la Chine et le Nord-Est de l’Inde. Suite à des croisements sexués, des formes hybrides sont apparues : l’orange (Citrus sinensis), le bigaradier (Citrus aurantium), le citron vert (Citrus aurantifolia).

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Carte adaptée de Davies & Albrigo (1994)

Quelle est la différence entre une mandarine et une clémentine ?

La clémentine (Citrus clementina) et la mandarine( Citrus reticula) sont des agrumes très proches physiquement. La clémentine s’épluche mieux en général, mais elle est moins sucrée que la mandarine. Sa particularité est la très faible présence de pépin.

La clémentine est un hybride qui provient d’un croisement entre le mandarinier et l’orange douce.

Au premier abord, cela peut paraître surprenant que des hybrides puissent se reproduire, puisqu’on a parfois en tête l’image du mulet (résultat hybride de la jument et l’âne) qui est stérile. Les hybrides interspécifiques sont stériles habituellement, mais les espèces d’agrumes hybrides ont pu se maintenir grâce à la reproduction non sexuée (appelée apomixie). Les graines des agrumes possèdent plusieurs embryons (polyembryonie), l’un provient de la reproduction sexuée et les autres proviennent d’apomixie. Les embryons d’origine apomixie proviennent de cellules non reproductrices et ont le même patrimoine génétique que l’arbre mère.

Chez les végétaux, les hybrides sont reproduits par bouturage ou greffage (multiplication végétative) en culture. La greffe consiste à insérer dans les tissus d’un végétal un autre végétal.

Les agrumes, une grande famille

Les agrumes sont pour la plupart cultivés par reproduction asexuée, ils ont donc des patrimoines génétiques très proches. Par conséquent cette diversité génétique limitée les rend vulnérables à certaines maladies ou peste. Comprendre la génomique et les relations de parenté des agrumes permet de réfléchir à une stratégie d’amélioration génétique en termes de résistance.

Des chercheurs ont donc séquencé le génome d’une orange, une orange amère, de deux pomélos (pamplemousse) et des mandarines par rapport à une séquence de référence d’une clémentine (Wu et al. 2014).

Les auteurs ont conclu que les pamplemousses cultivés descendent bien de C. maxima. Par contre, toutes les mandarines contiennent des séquences génétiques venant de C. maxima, mais aucune mandarine n’a que des séquences de C. reticula, témoignant de croisements anciens. plus étonnant, une des mandarines analysées venant de Chine, appelée la Mangshan n’est issue ni de C. maxima, ni de C. Citrus, les chercheurs pensent qu’il existe encore d’autres espèces d’agrumes sauvages inconnues. L’orange douce beaucoup consommée chez nous viendrait d’un croisement entre une mandarine traditionnelle (non sauvage) avec un pamplemousse.

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Chose étonnante : les espèces citrus ont toutes un nombre identique de chromosomes : 18. La reproduction sexuée chez les hybrides intraspécifique peut se faire quand les chromosomes se ressemblent et qu’il y a le même nombre de chromosomes dans les 2 espèces.

Analyse nutritionnelle de la clémentine et de la mandarine

Une clémentine pèse environ 70g et apporte 34 kcal. Constituée à 86% d’eau, elle apporte 9g de sucre et 1,7g de fibres. La clémentine et la mandarine sont des sources vitamine C (entre 19 et 27 mg de vitamine C pour 100g, soit plus de 15% de la VNR) mais ces deux-là contiennent moins de vitamine C que d’autres agrumes. 100g de citron contient environ 51 mg de vitamine C, 100g de pamplemousse rose en a 31,2g et 100g d’orange en contient 57mg. Pour les autres vitamines et éléments minéraux les teneurs sont moindres.

Valeurs nutritionnelles clémentine mandarine agrume

hespéridine antioxydant citrus agrume moléculesLes agrumes contiennent également des flavonoïdes et des composés phénoliques. Ces molécules sont des pigments responsables de la couleur des fleurs et des fruits. Les flavanones donnent une couleur jaune orangée à l’écorce d’orange.  Quant aux anthocyanes, ils donnent la couleur rouge à la pulpe des oranges sanguines. On retrouve par exemple la naringinine, l’hespérétine, des neohesperidoside et des rutinoside, qui sont des molécules antioxydantes. Les antioxydants protègent des réactions d’oxydant par les radicaux libres, des molécules très réactives et instables (également appelés Espèces Réactives  l’Oxygène). Les flavonoïdes pourraient empêcher la péroxydation des lipides ou l’activité des espèces réactives à l’oxygène. La réaction chimique de péroxydation des lipides correspond au rancissement des matières grasses, c’est-à-dire une oxydation des acides gras (= constituants des graisses). Des études sur des modèles cellulaires et animaux ont montré une activité anti-inflammatoire de ses molécules et de protection des dommages à l’ADN par les oxydants (Tripoli 2007).

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Sources :

Tripoli et al. Citrus flavonoids: Molecular structure, biological activity and nutritional properties: A review. Food Chemistry 104 (2007) 466–479

Albert Wu et al. Sequencing of diverse mandarin, pummelo and orange genomes reveals complex history of admixture during citrus domestication. Nat Biotechnol. 2014 July ; 32(7): 656–662.

Biologie et Multimédia – Université Pierre et Marie Curie – UFR des Sciences de la Vie http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/Marche/clementine.htm

Jean-F. Leroy – La Polyembryonie chez les Citrus. Son intérêt dans la culture et l’amélioration

Davies, F.S.; Albrigo, L.G. (1994). Citrus . Wallingford: CAB International, 254p

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