Plus de relations sociales, plus d’amis, moins de douleur !

Les relations sociales sont des éléments moteurs de notre société mais dans cette ère du numérique, les lacunes dans nos interactions sociales peuvent faire partie des facteurs négligés qui participent au déclin de notre santé – Katerina Johnson

Les personnes avec plus d’amis ont une capacité plus importante de résistance à la douleur. Cette tolérance provient d’un relargage de molécules antidouleurs (les endorphines).

relations sociales reseau network friendshipKaterina Johnson a étudié la variabilité interindividuelle des liens sociaux : en quoi la taille du réseau relationnel peut influencer sur notre état physique et mental de santé ? Le réseau social constitue l’ensemble des liens sociaux stables qu’entretient un individu.

Les endorphines, molécules du bien-être

Des précédentes études ont montré que les peptides opioïdes jouent un rôle majeur dans la création de liens sociaux chez les rongeurs, les primates (y compris les hommes). Les opioïdes sont des molécules qui interagissent avec des récepteurs opiacés du système nerveux. Ces chercheurs de l’université d’Oxford pensent que le nombre d’amis et la capacité à tolérer la douleur sont liés par le système cérébral impliquant des endorphines, c’est-à-dire des analgésiques qui permettent de diminuer la douleur, mais également de déclencher un sentiment de bien-être. La théorie opioïde cérébrale de l’attachement social repose sur  les interactions sociales. Celles-ci permettent la libération d’endorphines qui se lient aux récepteurs opioïdes cérébraux, ce qui déclenche un sentiment positif.

Katerina a donc fait remplir un questionnaire à 101 jeunes adultes de 18 à 34 ans, portant sur les relations sociales (les connaissances et les amis contactés au moins 1 fois par semaine ou par mois), la personnalité des participants (l’ouverture à l’expérience, la conscience, l’extraversion, l’amabilité, le névrotisme/la stabilité émotionnelle), mais ce questionnaire interroge également leur activité physique, leur stress et des données démographiques. Le test de tolérance à la douleur consistait à tenir le plus longtemps en faisant la chaise contre le mur.

graphique tolerance douleur reseau social amitie liens relationnelL’étude a conclu que la tolérance à la douleur peut être un bon indicateur de la taille du réseau social et qu’il n’y a pas de différences entre les hommes et les femmes. Plus la tolérance à la douleur augmente, plus le réseau social augmente. La tolérance à la douleur pourrait être un indicateur de l’activité opioïde. Le nombre d’amis contactés mensuellement est plus important que le nombre d’amis contactés hebdomadairement.

Ce lien entre douleur et réseau social peut être expliqué parce que :

  • se faire des amis provoque la libération d’endorphines, ce qui fait réduire la douleur.
  • certaines personnes ont une densité en récepteurs endorphiniens plus élevée. Ces personnes ont donc la possibilité d’avoir une activité de l’endorphine plus élevée. Elles sont par conséquent davantage récompensées par ce sentiment de bien-être quand elles créent des liens. Elles ont donc un cercle d’amis plus important.

Les sportifs auraient un réseau social plus petit

Comme attendu, les personnes sportives ont tenu plus longtemps en faisant la chaise et ont donc présenté une meilleure résistance à la douleur. Cependant étrangement, ces sportifs avaient général un plus petit cercle d’amis dans l’étude. Deux interprétations ont été présentées : soit l’activité sportive empiète sur le temps pour se faire des amis (moins de temps pour se sociabiliser), soit les sportifs ont des taux d’endorphines plus élevés à cause du sport et ils ressentent moins le besoin de faire des liens sociaux pour libérer de l’endorphine et ressentir du bien-être.

Le stress et les relations sociales : incompatible ?

Les personnes stressées ont également un réseau d’amis plus petit. Deux interprétations sont possibles : avoir plus de relations sociales permet de mieux gérer son stress ou le stress empêche justement de se faire des amis.

Ces résultats montrent l’important d’avoir de bonnes relations permet sans doute d’être moins stressé, de savoir mieux gérer des situations difficiles (qui provoquent de la douleur).

Une autre étude de Holt-Lunstad a étudié les liens entre le risque de mortalité et les relations sociales. Sur 308 849 participants, ils ont remarqué qu’avoir de meilleures relations sociales pouvait augmenter de 50% la probabilité de survie. Les auteurs estiment que les relations sociales sont des facteurs de risque de mortalité à prendre autant en compte que le tabagisme ou l’alcoolisme.

Sources :

Katerina V.-A. Johnson, Robin I. M. Dunbar – Pain tolerance predicts human social network size. Scientific Reports, 2016; 6: 25267 DOI: 10.1038/srep25267

Julianne Holt-Lunstad, Timothy B. Smith, J. Bradley Layton – Social Relationships and Mortality Risk : a meta-analytic review – Plos Medicine – July 2010, Volume 7, issue 7. DOI : 10.1371/journal.pmed.1000316

 

 

 

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