Perturbateurs endocriniens : le Bisphénol A (BPA) classé ‘substance extrêmement préoccupante par l’Agence Européenne des Produits Chimiques (ECHA)

L’Agence Européenne des Produits Chimiques (ECHA)  a classé le bisphénol A comme substance « extrêmement préoccupante ». Ces substances peuvent avoir des effets graves et souvent irréversibles sur la santé humaine et l’environnement. En Février 2017, l’ANSES, l’agence française de sécurité alimentaire avait soumis à l’ECHA une proposition du bisphénol A comme substance extrêmement préoccupante en mettant en avant les effets de perturbateur endocrinien du bisphénol A. Ce classement impose aux industriels de notifier la présence de la substance dans le produit.

Où trouve-t-on le bisphénol A ?

Le bisphénol A (ou le 4,4’-Isopropylidènediphénol) se trouve dans de nombreux emballages et plastiques alimentaires : boites de conserve, canettes, plats préparés, biberons, …) mais également dans le non alimentaire (DVD, verres de lunettes, prises…). Le BPA est utilisé principalement dans le polycarbonate (plastique rigide, résistant au choc et transparent) et dans les résines époxy (pour protéger de l’oxydation les équipements et matériaux). Le voie d’exposition principale du BPA est alimentaire à cause de la migration de BPA vers les contenus alimentaires. Les boites de conserve représenteraient 50% de l’exposition alimentaire.

La dose journalière admissible DJA du BPA est de 0.05 mg/kg poids corporel/jour (EFSA, 2008). On estime que son ingestion moyenne est bien en-dessous de la DJA de 0,033 μg/kg de poids corporel /j chez l’adulte qui mange des denrées dans un emballage en BPA. Pour le nourrisson, la dose serait de  0,800 μg/kg de poids corporel /j (INSERM 2010).

sigle polycarbonate bisphenol aReconnaître le BPA ?

Pour connaître la présence de bisphénol A, il y a un sigle pour les plastiques numéroté de 1 à 7. Par exemple, le 1 correspond au Polyéthylène téréphtalate (PET). Le 7 signifie « Plastique non répertorié » c’est-à-dire un autre plastique. Tous les sigles de 1 à 6 ne contiennent pas de bisphénol. Par contre, le numéro 7 peut en contenir, en particulier, s’il y a la mention PC qui signifie « polycarbonate ».

Les effets suspectés sur la santé ?

 

Le principal effet mis en cause est l’effet de perturbateur endocrinien. Le BPA mime les effet des œstrogènes en se fixant aux récepteurs alpha et béta des estrogènes. On peut en effet observer les ressemblances de structures entre l’œstrogène et le BPA.

comparaison bisphenol A hormone oestrogene mime

L’ANSES avait retenu 4 effets pour l’évaluation des risques sanitaires : effets sur le cerveau et comportement, effets sur l’appareil reproducteur femelle, effets sur le métabolisme et obésité et effets sur la glande mammaire. Finalement, l’ANSES a estimé que le risque existe pour les enfants à naître des femmes enceintes. Le BPA pourrait modifier la structure de la glande mammaire chez l’enfant à naître et favoriser un développement tumoral ultérieur.

En 2010, un rapport de l’INSERM avait identifié des facteurs précurseurs de cancer du sein et de la prostate chez des rongeurs exposés au Bisphénol A mais compte tenu de l’hétérogénéité des résultats difficilement comparable, cela semblait difficilement transposable à l’Homme.

Pour rappel, en France, le bisphénol A était interdit dans les biberons depuis 2010 et dans les contenants alimentaires depuis le 1er Janvier 2015 et dans l’Union Européenne en 2011 pour les biberons.

En Janvier 2015, l’Agence Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA) a publié une réévaluation du BPA qui expliquait que les BPA ne pose de pas risque pour les consommateurs.

Le BPA n’est pas listé parmi les substances cancérogènes de l’Agence Internationale de Recherche contre le Cancer CIRC.

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Source :

ECHA -MSC unanimously agrees that Bisphenol A is an endocrine disruptor  https://echa.europa.eu/-/msc-unanimously-agrees-that-bisphenol-a-is-an-endocrine-disruptor

INSERM – Bisphénol A – Effets sur la reproduction

ANSES – Rapport d’expertise collective – Substances reprotoxiques et perturbateurs endocriniens – Composés de la famille des bisphénols : bisphénols M,S, B, AP, AF, F et BADGE – Mars 2013 https://www.anses.fr/fr/system/files/CHIM2009sa0331Ra-1.pdf

Evaluation des risques sanitaires liés au bisphénol A – https://www.anses.fr/fr/content/evaluation-des-risques-sanitaires-li%C3%A9s-au-bisph%C3%A9nol

EFSA – La sécurité du bisphénol A expliquée par l’EFSA http://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/bisphenol

L’EFSA met à jour ses conseils concernant le bisphénol Ahttps://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/100930

 

2 réflexions sur “Perturbateurs endocriniens : le Bisphénol A (BPA) classé ‘substance extrêmement préoccupante par l’Agence Européenne des Produits Chimiques (ECHA)

  • 19 juin 2017 à 10 h 52 min
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    Il y a comme un hiatus entre le titre anxiogène et ceci :
    «La dose journalière admissible DJA du BPA est de 0.05 mg/kg poids corporel/jour (EFSA, 2008). On estime que son ingestion moyenne est bien en-dessous de la DJA de 0,033 μg/kg de poids corporel /j chez l’adulte qui mange des denrées dans un emballage en BPA.»

    Donc en gros, en tenant compte de nos connaissances actuels sur le BPA, il n’y a pas de problèmes.

    Par exemple les gens consomment 10g de sel par jour en moyenne, la dose léthale serait de 250g environ. (Un rapport de 25, au lieu des 10 000 pour le bpa)

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    • 19 juin 2017 à 16 h 22 min
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      Bonjour, Merci pour votre commentaire. Alors non, ce n’est pas si simple que ça.
      1) Le 0,033 μg/kg provient d’une étude Coréenne (citée dans la Rapport de l’Inserm) https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20077204 mais elle se base sur la consommation moyenne de coréens (de l’étude KNHANES III, 2005) de produits en conserve. Du coup les consommations sont sans doute différentes en France et leur méthode d’estimation de la consommation alimentaire n’est pas hyper précise vu qu’elle ne se base que sur ce chiffre « The mean body weight and daily intake of BPA for individuals through the consumption of canned foods were 60 kg and 1.51 μg/kg bw/d, respectively » au lieu de revenir aux consommations individuelles réelles et faire ensuite une moyenne des apports en BPA des individus.
      2) Les DJA pourraient sous-estimé les effets cocktails (des interactions synergiques) entre les perturbateurs endocriniens qui sont omniprésents dans notre environnement.
      3) Les valeurs varient aussi un peu selon les études (différentes méthodes d’estimation, de population, erreurs de mesure, biais…). Par exemple,la UK Food Standards Agency a estimé un apport en BPA de 0.36–0.38 μg/kg bw/d. Le European Commission Scientific Committee avait estimé les apports en BPA à 1.2μg/kgbw/d pour les enfants de 4-6 ans et 0.4 μg/kg bw/d pour les adultes.

      Et vous évoquez une « dose létale », la DJA n’est pas une dose létale.

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