Tout sur les particules fines polluantes (PM10, PM2.5), la qualité de l’air et leurs effets sur la santé et l’environnement
Le beau temps en été (conditions anticycloniques) est souvent associé à un pic important de pollution et une baisse de la qualité de l’air. La pollution de l’air est à l’origine de maladies chroniques, telles que l’asthme, les problèmes cardiovasculaires et le cancer du poumon. Ce 4 juillet 2019, « Le tribunal administratif de Paris reconnaît à son tour la carence fautive de l’Etat en raison de l’insuffisance des mesures prises en région Ile-de-France pour réduire, le plus rapidement possible, les valeurs de dioxyde d’azote et de particules fines dans l’air. »
La Commission Européenne en 2018 avait déjà lancé une procédure d’infraction contre la France pour dépassements persistants des limites règlementaires en particules fines PM10.
Beau temps et pics de pollution
Des conditions anticycloniques sont liées à une absence de nuage. Un anticyclone est une zone de hautes pressions qui se forme de la façon suivante : l’air froid au-dessus d’une région froide (pôles) tend donc à descendre au sol, puisqu’il est alourdi par le froid. Ceci provoque au niveau du sol une zone de haute pression. Les anticyclones sont associés à des zones très stables. L’absence de vents (<2 m/s) empêche la dispersion des polluants. De même que l’absence de pluie empêche le lessivage de ceux-ci. Par ailleurs un fort ensoleillement favorise la photo-transformation et synthèse de certains polluants avec les rayons ultra-violets.
La pire situation est en été où plusieurs facteurs s’accumulent : ensoleillement fort, température élevée, pas de vent, pas de précipitations.
Plus de 80% des personnes en zone urbaine sont exposés à des niveaux de pollution de l’air dangereux pour la santé d’après l’Organisme Mondiale de la Santé (OMS).
Les organismes internationaux sanitaires s’inquiètent de la qualité de l’air

L’OMS avait publié en Mai 2016 une étude et ses données sur la pollution atmosphérique. L’OMS a analysé les taux de particules fines dans 795 villes dans 67 pays pendant 5 ans (2008-2013). La pollution atmosphérique mondiale a augmenté en moyenne de 8%. Les pays « pauvres » sont les plus touchés par cette pollution particulaire, en particulier les régions de la Méditerranée orientale et de l’Asie du Sud-Est. 98% des grandes villes (plus de 100 000 habitants) des pays à faibles revenus ne respectent pas les recommandations de l’OMS. Sur la carte mondiale, on peut voir des taux de particules PM2.5 élevées dans l’Afrique Subsaharienne, ce qui est normal avec les tempêtes de sable du Sahara.
En France en 2016, la ville la plus polluée est Pantin avec une moyenne annuelle de 36 μg de PM10/m3. Pantin est en fait situé près des autoroutes A3, A86 et A1 et des nationales 2 et 3 ainsi que du périphérique. Les grandes villes le sont également : Marseille (29 μg/m3), Nice (29μg/m3), Paris (28 μg/m3), Lille et Lyon (à 22μg/m3). Toutes les villes ne sont pas équipées de capteurs de pollution atmosphérique. Les villes les moins polluées seraient Le Tampon et Roisey avec 7 μg/m3.
Qu’est-ce qu’une particule fine PM10, PM2.5 ?
Les particules (ou aérosols) sont un mélange de polluants solides et/ou liquides en suspension dans l’air. PM signifie Particulate Matter. Les particules sont diverses en terme de tailles, d’origines, de nombres et de compositions chimiques.
Les particules grossières ont un diamètre entre 2.5μm et 10μm, elles sont souvent générées par l’agriculture, les mines, la trafic routier. Les particules provenant de processus de combustion sont généralement fines, moins de 2,5μm (PM2.5). Ces fines particules peuvent s’infiltrer dans les maisons. Les particules d’acide sulfurique sont encore plus petites entre 0.3 et 1 μm. Les particules ultrafines (ou nanoparticules) désignent celles avec un diamètre entre 0,1μm et 100nm. Elles ont été peu étudiées mais leur production va augmenter avec les innovations technologiques, médicales et industrielles.
L’air est également pollué par :
- l’Oxyde d’Azote (Nox), rejeté lors de la combustion. Dans l’air, il se transforme en dioxyde d’azote, une molécule irrante pour les bronches et qui favorisent les pluies acides.
- le dioxyde de Souffre (SO2) produit aussi lors de la combustion de combustibles fossiles.
Attention, à ne pas confondre les polluants gazeux qui ont un effet direct néfaste sur la santé et les gaz à effet de serre qui sont responsables du changement climatique.
D’où viennent les particules fines polluantes ?
Les origines de ces particules sont diverses : naturelle (érosion des sols, pollens, feux de biomasse…) et/ou liées à l’activité humaine (combustion, industrie, épandages agricoles, trafic routier…).
Les PM2.5 sont principalement des espèces carbonées, du nitrate, des sulfates et de l’ammonium produits par des réactions chimiques. Les particules grossières sont plutôt des sels de mer et des poussières minérales.
Les pics de pollution de particules fines ont souvent lieu :
- en hiver à cause du chauffage des résidences et les conditions météorologiques peuvent être très stables (pas de vent et un anticyclone calme).
- au printemps, lors des épandages d’engrais agricole : les particules d’ammoniac se combine avec les gaz du trafic routier pour former du nitrate d’ammonium.
Quelle est la réglementation ?

La qualité de l’air est principalement réglementée par la directive 2008/50/CE du 21 mai 2008. En cas de dépassement, les Etats-Membres doivent mettre en place des mesures pour baisser le taux de particules le plus vite.
L’association Respire est une ONG qui milite en faveur de l’éducation, de la prévention à la pollution de l’air et qui veille au respect de l’application des lois (ex : la Charte de l’environnement, Article 1 : chacun a le « droit de vivre dans un environnement sain et respectueux de la santé« ).
Impacts sur l’environnement
Les aérosols peuvent interagir avec le rayonnement solaire en en absorbant ou en réfléchissant une partie (effet radiatif). Elles modifient également les propriétés des nuages, puisqu’elles peuvent servir de noyau de condensation (formation des gouttelettes des nuages). « Plus le nombre de particules dans l’atmosphère est important, plus la taille des gouttes dans les nuages est petite », ce qui va modifier l’effet parasol des nuages et les précipitations. Si la taille des gouttes est trop petite, il ne pleuvra pas, d’après Gilles Bergametti, directeur de recherche sur la chimie de l’atmosphère au CNRS. Les effets de ces particules fines sont difficiles à étudier à cause de leur faible durée de vie : elles restent environ 1 semaine dans l’atmosphère, à la différence des gaz à effet de serre qui restent plusieurs années.
De plus, les particules de pollution peuvent se déposer sur les bâtiments et les noircissent. Elles se déposent aussi sur les plantes et limitent la photosynthèse. Quant aux particules soufrés et azotés (Nox, SO2…) , ils sont à l’origine des pluies acides. Les particules azotées peuvent également provoquer des phénomènes d’eutrophisation.
Impacts sur la santé
Les particules grossières ont tendance à se déposer dans les voies respiratoires supérieures : les bronches (Schwartz et al.), les fines particules pénètrent plus profondément le système respiratoire : dans les bronchioles et les alvéoles pulmonaires. Des études sur modèles animaux ont montré que ces particules provoquent du stress oxydant et de l’inflammation pulmonaire avec un pic des neutrophiles 24h après l’exposition (neutrophile = défenses du système immunitaire). Cette réaction inflammatoire est médiée par des cytokines, qui stimulent les macrophages alvéolaires, les lymphocytes et les neutrophiles. Cette inflammation favorise les pathologies cardiovasculaires.
Le dépôt de particules dans les poumons est accru pour les personnes atteintes de broncho-pneumopathie chronique obstructive, maladie caractérisée par une obstruction lente des voies aériennes et respiratoires. De très nombreuses études épidémiologiques ont été effectuées sur la pollution de l’air. Je vais juste vous présenter deux études.
Etude CPS-II (C. Arden Pope III et al. – 2002)
Population étudiée : 1,2 millions d’adultes sont suivi depuis 1982 par l’American Cancer Society (ACS) pour l’enquête de prévention du cancer II (CPS-II). Ces individus de plus de 30 ans ont reçu un questionnaire avec l’âge, le sexe, le poids, la taille, les activités, l’alcool, la cigarette, le régime et d’autres caractéristiques. Ils ont suivi l’apparition de décès et leurs causes.
Chaque participant était assigné à une aire géographique de résidence. Dans chacune de ces zones, la pollution (une moyenne de la concentration en particules polluantes) a été estimée à l’aide des données de l’Inhalable Particle Monitoring Network, du National Aerometric Database et des données de l’Agence de protection environnementale (AIRS).
Résultats :
- dans les grandes villes la concentration en particule PM2.5 a diminué de 1983 à 2000.
- lien significatif entre une augmentation de 10 μg/m3 de PM2.5 et une augmentation des risques cardiopulmonaires (+6%) et de cancer du poumon (+8%). De plus, fumer était fortement corrélé à la mortalité par cancer du poumon.
- les particules fines dans les zones urbaines sont un risque cardiopulmonaire.
- Le sexe et l’âge ne jouent pas vraiment sur ces liens statistiques.
Etude de Joel Schwartz et al. (1996)
Les concentrations des particules fines, grossières et d’acides sulfuriques ont été mesurées pendant 8 ans dans 6 villes des Etats-Unis de 1979 à 1986.
Résultats : la mortalité journalière a augmenté de 0,8% en moyenne dans les 6 villes pour chaque augmentation de 10μg/m3 de PM10 entre le début de l’étude et sa fin. Les particules PM2,5 présentent la plus forte association statistique avec une augmentation du risque de la mortalité de 1,5%.
Ces deux études signalent donc de faire attention aux émissions de particules.
Que faire en cas de pic (ou épisode) de pollution de l’air ?
Il est conseillé de limiter les activités physiques intenses à l’extérieur et à l’intérieur, plus particulièrement pour les personnes à risque : personnes âgées, femmes enceintes, jeunes enfants, personnes diabétiques, immunodéprimées, à risque cardiaque ou respiratoire.
Paradoxalement, il faut continuer à aérer son lieu de résidence ou de travail pour éviter que la pollution de l’air se concentre dans les pièces. Il vaut mieux ventiler les pièces aux moments de la journée les moins polluées : il est possible consulter les informations concernant la qualité de l’air à un endroit à partir des associations agréées chargées de la surveillance de la qualité de l’air d’une région (ici le lien et pour la carte de la pollution en direct en France). Par ailleurs, la voiture ne protège pas de la pollution extérieure. Au contraire, les ventilations du devant de l’automobile captent les gaz des pots d’échappement des véhicules voisins. La voiture a tendance à concentrer les polluants à cause du faible volume d’air brassé.
La pollution de l’air, un coût important pour la société :
Comment améliorer la qualité de l’air ?
- Développer les transports en commun : ouvert 24h/24h
- Développer les voitures, motos, scooters électriques.
- Fermer les centres villes aux voitures privées
- Adapter des pratiques agricoles et industrielles plus durables
- Se tourner vers des énergies vertes (la combustion des énergies fossiles émet des particules polluantes)
- Mieux informer et sensibiliser le public
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