Médecine alternative contre le cancer : un risque accru de mourir par rapport aux traitements conventionnels
Une étude publiée dans le Journal of the National Cancer Institute vient de montrer que les patients qui choisissent comme traitement unique contre le cancer, une médecine alternative ont 2 fois plus de chance de mourir que ceux avec un traitement conventionnel.
Les médecines douces ou alternatives ont la côte pour traiter divers maux, y compris le cancer par des aspects qui peuvent sembler au départ « plus naturel, plus doux, plus agréable » ou une approche globale holistique.

Qu’est-ce que les thérapies alternatives ?
La médecine non conventionnelle (également appelée médecine douce, complémentaire ou naturelle) se distingue de la médecine classique sur le fait qu’elle ne repose pas sur de preuves scientifiques et une efficacité prouvée de guérison. Elle laisse tendre qu’il existerait une alternative plus agréable et efficace pour arriver à une hypothétique guérison. En général, une approche non prouvée s’applique EN PLUS d’un traitement classique mais jamais à la place du traitement conventionnel (toujours demander l’avis de son médecin ou/et son cancérologue).
Les approches alternatives les plus courantes sont :
- la phytothérapie : l’utilisation d’éléments de plantes à des fins médicales. Un des dangers est en autre les interactions néfastes avec les médicaments.
- l’homéopathie : repose sur l’utilisation de substances extrêmement diluées.
- la sophrologie : se base sur la détente physique et mentale.
- la pleine conscience (ou Mindfulness) : a pour but la réduction du stress et repose sur l’examen des sensations et émotions qui viennent à l’esprit.
- la naturopathie : vise à équilibrer le fonctionnement de l’organisme par des moyens jugés « naturels ».
- l’aromathérapie : utilisation des composés aromatiques extraits de plantes, les huiles essentielles, à des fins médicales.
Quelles sont les dérives possibles de la médecine alternative ?
La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires MILIVUDES met en garde contre certaines pratiques de médecine alternative. Elle propose une check-list pour détecter un charlatan ou un pseudo thérapeute sectaire : ici. Ces dérives de santé promettent souvent une guérison miracle là où la conventionnelle aurait échoué. Elles mettent en valeur des bienfaits impossibles à mesurer, comme «améliorer son karma » ou « la circulation des énergies internes » (c’est pourquoi on ne peut pas non plus en évaluer son efficacité par un essai clinique) et vous demandent de vous engager en réglant à l’avance un certain nombre de séances.
La médecine alternative pourrait doubler le risque de décès dû aux cancers
Cette étude a observé pendant 10 ans les dossiers de la base de données National Cancer Database entre 2004 et 2013 et ils ont comparé la survie après être atteint de cancer entre 560 patients traités avec la médecine conventionnelle (chimiothérapie, chirurgie, radiothérapies) et 281 patients utilisant une approche alternative. Ils ont étudié le risque de mourir des cancers les plus fréquents : poumon, colorectal, prostate et sein.
Au bout de 5 ans, la proportion de patients vivants ayant choisi une médecine alternative était de 54.7% alors que parmi les patients ayant choisi le traitement conventionnel, cette proportion était de 78.3% (log-rank P<.001) !!
En prenant en compte les facteurs socio-démographiques et cliniques, pour les individus prenant une médecine alternative :
- Atteints du cancer du sein, le risque de mourir était 5,68 fois plus important dans un délai de 5 ans par rapport à ceux ayant un traitement conventionnel.
- Atteints du cancer du poumon, le risque de mourir était 2,17 fois plus important dans un délai de 5 ans par rapport à ceux ayant un traitement conventionnel.
- Atteints du cancer colorectal, le risque de mourir était 4,57 fois plus important dans un délai de 5 ans par rapport à ceux ayant un traitement conventionnel.
- Atteints du cancer du prostate, aucune différence significative de risque n’a été observée. La raison pourrait être due au temps long de développement du cancer de la prostate par rapport au temps de suivi moyen de l’étude de 5,5 ans.
Quelles limites de cette étude ?
Les limites de cette étude sont le faible temps de suivi, son caractère observationnel, le manque d’information sur les antécédents de traitements à l’étude et le fait de ne pas différencier les différentes médecines alternatives : les approches alternatives n’ont pas été identifiées dans ce « brief communication ». Il est également possible que de la confusion résiduelle n’ait pas été prise en compte. L’étude peut aussi avoir mal classé les personnes qui ont commencé avec une thérapie alternative puis qui sont passés à un traitement conventionnel.
Les chercheurs de Yale concluent que « les patients atteints de cancer qui ont initialement choisi un traitement alternatif à la place de la médecine conventionnelle ont plus de risque de mourir. »
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Sources :
Johnson et al. Use of Alternative Medicine for Cancer and Its Impact on Survival. Brief Communication – JNCI J Natl Cancer Inst (2018) 110(1): djx145
Fondation contre le Cancer – Médecines Non conventionnelles http://www.cancer.be/les-cancers/traitements/m-decines-non-conventionnelles-et-cancers
Bonjour
je ne peux que souscrire à cet article. Moi-même médecin et instructeur en Mindfulness, la méditation de pleine conscience (ou Mindfulness) est une pratique complémentaire aux traitements conventionnels. Elle n’a jamais été érigée en tant qu’alternative, à tout le moins par les praticiens qui bénéficient d’une formation solide et rigoureuse à cette pratique. Cependant, il a été démontré par plusieurs méta-analyses que la pratique de méditation de pleine conscience améliorait significativement le bien-être psychologique des patients atteints de cancer (amélioration des symptômes liés au stress, amélioration de l’humeur des patients et amélioration de la la qualité de vie). Cela mérite d’être souligné. Belle journée.