Fruits et légumes « moches » : lutte contre le gaspillage alimentaire
Le gaspillage alimentaire en quelques chiffres
Chaque année, plus de 10 millions de tonnes de déchets alimentaires sont produits en France, dont 65% par les foyers, 23% par la distribution et 15% environ par la restauration. Le plus choquant est que 1,2 millions de cette nourriture jetée est encore consommable. En effet, 20 kilos d’aliments consommables par an par français sont mis à la poubelle. Depuis 1974, le pourcentage de nourriture perdue a doublé ! Les fruits et les légumes représentent la moitié des produits jetés. Les liquides constituent 24% des produits jetés. La viande, le poisson et les plats préparés arrivent les derniers à hauteur de 6%.
Les producteurs jettent les fruits et les légumes non calibrés ou endommagés, qui seraient refusés chez le grossiste ou en magasin. La grande distribution peut également avoir des problèmes de gestion des stocks par rapport à la demande et à la date limite de consommation. Les restaurations
commerciales et scolaires ne donnent pas des tailles de portions adéquates aux consommateurs. Les plats de la cantine sont rarement terminés par les étudiants. Beaucoup de gens oublient des produits dans leur frigo et les laissent périmer ou ils achètent plus que leur nécessaire. Tous ces exemples montrent que tout le monde est concerné par le gaspillage alimentaire !
Beaucoup d’argent perdu !
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) a suivi 20 familles par rapport au gaspillage alimentaire. Environ l’équivalent d’1 repas par semaine est jeté à la poubelle. L’ADEME a estimé que la réduction du gaspillage permet de diminuer les coûts de 77€ par an et par personne. Le rapport de Guillaume Garot au gouvernement estime une perte de 400€/foyer/an, assez pour se payer un petit séjour en vacances ! La France perd entre 12 et 20 milliards d’euros chaque année à cause du gaspillage alimentaire.
Quelles politiques publiques sont mises en place ?
L’Union Européenne a mis en place la directive 2008/98/CE relative aux déchets, qui met en avant la prévention, la réutilisation, optimiser la collecte, le recyclage des déchets en matériaux sans risque pour l’environnement, ainsi que les autres modes de valorisation (l’élimination étant l’option la moins souhaitable). L’article 12 traite tout particulièrement des biodéchets, c’est-à-dire les déchets alimentaires.
En France, dès 2010 avait été élaboré le rapport « Réduction du gaspillage alimentaire » du Conseil National des Déchets CND. Ce document voulait renforcer la sensibilisation scolaire et la communication, clarifier les dates de péremption DLC/DLUO, mettre en place des accords volontaires. A la suite de cette étude, a été mis en place le pacte national anti-gaspillage entre les différents acteurs de l’agroalimentaire en 2013, dont l’objectif est de réduire de moitié le gaspillage alimentaire en France pour 2025.
Le programme national de prévention des déchets 2014-2020 souhaite travailler entre autre sur le gaspillage en restauration collective, développer l’usage du sac à emporter (Doggy bag), créer un « club d’acteurs’ sur cette thématique. La réduction des déchets est aussi en lien avec la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte promulguée le 17 août 2015.
Les gueules cassées, une proposition de solution ?
Une tomate pas ronde, un citron difforme… Ces fruits avec des défauts esthétiques c’est-à-dire avec des mauvaises proportions, une couleur non standard ou des coups, sont habituellement refusés par les magasins et jetés par les producteurs. Le collectif « les Gueules cassées », rassemblant des producteurs, artisans ou fabricants, propose de vendre ces produits 30% moins chers avec une étiquette signalant ce défaut de production, qui n’altère en rien le goût et la sécurité alimentaire ! Ils proposent également une autre étiquette antigaspi -50% ou -30% pour les produits proches de leur date limite de consommation.

Cela évite donc un important gaspillage alimentaire chez les producteurs et en magasin. De plus, une partie du coût de ces étiquettes est reversée à des associations qui luttent contre le gaspillage alimentaire. Actuellement, n’importe qui peut participer à cette opération. Du côté de la grande distribution, Carrefour, Franprix, Leclerc ou encore Casino ont choisi de proposer ponctuellement ou de façon permanente ces fruits délaissés.
Sources (et pour en savoir plus !) :
European Food Information Council (EUFIC) – Comment minimiser le gaspillage alimentaire (05/2012) http://www.eufic.org/article/fr/artid/Comment-minimiser-le-gaspillage-alimentaire/
Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie – La lutte contre le gaspillage alimentaire (5/11/2015) – http://www.developpement-durable.gouv.fr/La-lutte-contre-le-gaspillage.html
Le Monde – Laetitia Van Eeckhout – 5 questions sur le gaspillage alimentaire – (article 10/12/2015) http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/12/10/gaspillage-alimentaire-les-grandes-surfaces-ne-pourront-plus-jeter_4829076_3244.html
SENAT – Proposition de la loi contre le gaspillage alimentaire : http://www.senat.fr/leg/ppl15-269.html
ADEME – Éviter le gaspillage alimentaire – Mis à jour le 29/10/2015 http://www.ademe.fr/particuliers-eco-citoyens/dechets/reduire-dechets/eviter-gaspillage-alimentaire
Ministère de l’agriculture – Les chiffres du gaspillage alimentaire http://agriculture.gouv.fr/alimentation/les-chiffres-du-gaspillage-alimentaire [lien mort au 07/01/2018]
Directive 2008/98/CE relative aux déchets
Rapport de Guillaume Garot sur le gaspillage alimentaire
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