Affaire des œufs contaminés par le Fibronil et fraude alimentaire : le scandale arrive en France

fipronil molecule chimiqueUne molécule chimique illégale, le fipronil, a été retrouvée dans des œufs belges et néerlandais qui ont ensuite été exportés dans d’autres pays européens. Les œufs contaminés par le fipronil arrivent en France. Du fibronil, une substance anti-poux a été utilisée de manière illégale dans le traitement de poules pondeuses aux Pays-Bas. Cette fraude concerne l’antiparasitaire DEGA 16. Or cette substance antiparasitaire n’est pas autorisée dans le secteur avicole. D’après ce rapport de l’ANSES, 15 à 20% du fibronil ingéré par une poule est transféré dans ses œufs (en particulier dans le jaune avec 13-16%). En cas de forte exposition (aiguë), il peut provoquer des dommages hépatiques, au niveau des reins ou de la thyroïde chez l’Homme. Cependant à faible dose, il ne comporterait pas de risque pour l’Homme.

Il est utilisé sur d’autres animaux contre les puces, les acariens et les tiques avec une DJA de 0.0002 mg/kg poids corporel/jour (basé sur des études toxicologiques sur le rat). La DJA représente la quantité d’une substance qu’un individu moyen de 60 kg peut théoriquement ingérer quotidiennement (tous les jours), sans risque pour la santé. L’OMS a classé le fipronil comme étant moyennement toxique pour les humains. Il est absorbé lentement par voie orale en 46-73h après ingestion. Par voie cutanée, l’absorption est de 0,2 – 7% en 24h.

Une fraude sur l’antiparasitaire DEGA-16

L’histoire débute dès Juin. Des millions d’œufs sont contaminés aux pays bas et en Belgique à cause de l’utilisation de l’antiparasitaire DEGA-16 (commercialisé par Chickfriend) qui contenait illégalement le fipronil. La Suisse, l’Allemagne, la France, la Suède et le Royaume-Uni sont également touchés mais ont été alertés tardivement. 60 élevages en Belgique et 180 aux Pays-Bas ont été bloqués.

Le 2 juin 2017, une entreprise a interpellé l’AFSCA, agence belge de sécurité sanitaire pour lui signaler un problème potentiel avec le fibronil. L’AFSCA a ensuite bloqué 86 entreprises pour y prélever des œufs. La 1ère expertise a montré un taux de 0,076 mg/kg d’œufs de fipronil en dessous du seuil européenne de sécurité. La 2nde analyse a observé une dose de 0,92 mg/kg d’aliment dépassant le seuil de sécurité (LMR, la Limite Maximal de Résidu, exprimée en mg/kg d’aliments – LMR pour les œufs en fipronil est de 0,72 mg/kg d’œufs ).

Le 22 Juin, la NVWA, l’agence néerlandaise de sécurité sanitaire bloque 7 compagnies d’ovoproduits puisque du fipronil a été retrouvé dans les œufs. Les lots des œufs néerlandais contaminés ont pour numéro : 2-NL-4015502.

Le 20 Juillet, les autorités sanitaires belges informent les autres pays de l’UE par la réseau d’alerte rapide européen (RASFF) de la présence d’une substance non autorisé dans des œufs et de la volaille : le Fipronil.

Le 5 août, les Pays-Bays lancent une 1ère alerte officielle concernant la France. L’agence de sécurité alimentaire allemande Bundesinstitut für Risikobewertung a conclu le 30 Juillet qu’il n’y avait pas de risque (excepté pour les très jeunes enfants).

L’agence belge de sécurité sanitaire a effectué des analyses dans les œufs et « aucun résultat n’a montré des concentrations liées à un danger direct pour la santé publique. », d’après l’AFSCA. D’après les enquêtes judiciaires belge et néerlandaise, Poultry-Vision est soupçonné d’avoir vendu le kit de désinfection de poulaillers contenant du fipronil à l’entreprise néerlandaise ChickFriend, qui l’aurait ensuite reconditionné.

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Et en France ?

Actuellement, en France, 5 établissements d’ovoproduits dans le Morbihan, le Nord, la Vienne, le Maine-et-Loire et le Pas-de-Calais ont reçu des œufs contaminés provenant des Pays-Bas et de la Belgique. Des enquêtes de traçabilité ont été lancées et les œufs contaminés seront détruits. Une enquête judiciaire est en cours en Belgique.

13 lots d’œufs contaminés en provenance des Pays-Bas avaient été livrés à deux établissements de fabrication de produits à base d’oeufs, dans la Vienne et du Maine-et-Loire entre le 11 et le 26 juillet 2017. Un éleveur du Pas-de-Calais a également signalé spontanément les autorités compétentes de l’utilisation du DEGA16 dans son établissement.

Néanmoins, le fipronil a l’état de traces ne comporterait pas de problèmes pour la santé humaine.

Actuellement (au 17 août 2017), voici la liste des établissements français concernés : http://agriculture.gouv.fr/fipronil-point-de-situation

Sources :

FAO – Plant Production and Protection Paper, 163, 2001 – Pesticide residues in food – 2000. Report of the Joint Meeting of the FAO Panel of Experts on Pesticide Residues in Food and the Environment and the WHO Core Assessment Group – p.100 http://www.fao.org/fileadmin/templates/agphome/documents/Pests_Pesticides/JMPR/Reports_1991-2006/Report__2000.pdf

https://www.anses.fr/fr/system/files/RCCP-Ra-Fipronil.pdf

AFSCA – Communiqué de presse 08/08/2017 – Fipronil, résultats complémentaires http://www.afsca.be/communiquesdepresse/2017/2017-08-08.asp

BfR – Health assessment of individual measurements of fipronil levels detected in foods of animal origin in Belgium http://www.bfr.bund.de/cm/349/health-assessment-of-individual-measurements-of-fipronil-levels-detected-in-foods-of-animal-origin-in-belgium.pdf

EFSA – Reasoned opinion on the review of the existing maximum residue levels  (MRLs) for fipronil according to Article 12 of Regulation (EC) No 396/2005http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.2903/j.efsa.2012.2688/epdf

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